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Origine du terme « protestant »

Le 31 octobre 1517, les étudiants du moine et docteur en théologie Martin Luther réagissent à la campagne d'indulgences lancée par Albert de Brandebourg : ils affichent sur la porte de l'église de Brandebourg une lettre rédigée par Martin Luther adressée à Albert de Brandebourg constituée de 95 thèses, à la fois constat des dérives de l'Église, critique virulente des abus et solutions. Parmi les thèses, l'accès de tous à la Bible sans discrimination sociale et l'égalité entre les hommes ont un fort écho dans la population majoritairement paysanne, à tel point qu'elle provoque au printemps 1525 la Bauernkrieg (guerre des paysans) dans le Saint-Empire romain germanique.

Afin de mettre un terme rapide à cette explosion de violence contre la classe dirigeante, les princes se réunissent lors de la première diète de Spire, en 1526. Ils conviennent du décret de l'état d'urgence et décident que chaque prince choisit le culte à pratiquer dans son État, les opposants étant contraints de fuir vers un autre État favorable à leur foi. Cette confessionnalisation est déjà initiée à la fin de 1525 par Jean de Saxe qui institutionnalisa le luthéranisme.

Cependant, absent de cette assemblée formée par ses électeurs, Charles Quint demeure hostile à ces dispositions. Accusé par le Saint-Siège de soutenir Luther, Charles Quint décide d'endiguer la propagation des thèses luthériennes. Il convoque donc en 1529, avec son frère Ferdinand Ier, une seconde diète de Spire lors de laquelle il révoque toutes les concessions faites par les princes aux paysans. Ainsi, il réinstaure le culte catholique et la messe en latin. Ces derniers réagissent immédiatement sous la conduite de Jean de Saxe en émettant une protestation. Les princes signataires sont appelés « protestants ».

« C'est un peu une tradition chez nous, les protestants en général, bien que la plupart des gens ignorent l'origine du mot « protestant » et pensent que cela provient du mot « protester ». En réalité cela signifie en latin « affirmer ». Une déclaration de la première profession de foi protestante qui a donné le nom à notre confession est « Protestati sumus » c'est-à-dire « nous affirmons que » et non « nous protestons contre ». Ce n'est pas du tout pareil. C'est positif. »

D'après Terre et Ciel de Théodore Monod, Collection Actes Sud. Samuel de Champlain était protestant.

 

La pensée protestante

Les protestants hésitent à parler de « doctrine » ou de religion. Ils préfèrent « convictions », « engagements » ou « valeurs ». La fédération des protestants publie simplement : « Être protestant »[2]. C'est que les protestants préfèrent toujours préserver un espace de discussion et d'échange entre les fidèles, particulièrement pour l'expression de leur foi, même la plus fondamentale.

Toutes sensibilités confondues, les protestants partagent ces points fondamentaux (les deux premiers concernent le salut) :

  • Sola gratia (« par la grâce seule ») L'homme ne peut pas mériter son salut auprès de Dieu, mais Dieu le lui offre gratuitement par amour. Ce qui rend l'homme capable d'aimer lui aussi. Ainsi, la valeur d'une personne ne dépend que de l'amour de Dieu, et non de ses qualités, ni de son mérite, ni de son statut social.
  • Sola fide (« Seule la foi compte ») Ce don se fait à l'occasion d'une rencontre personnelle avec Dieu, en Jésus-Christ (solo Christo, par Christ seul). C'est cela la foi, non une doctrine ou une œuvre humaine. D'une personne à l'autre, elle peut surgir brusquement ou être le fruit d'un cheminement. Chacun la vit de manière particulière, comme sa réponse à la déclaration d'amour de Dieu.
  • Sola scriptura (« par l'Écriture seule ») Considérée comme porteuse de la parole de Dieu, la Bible est à la fois la seule autorité théologique et le seul guide, en dernière instance, pour la foi et la vie. Elle est éclairée par la prédication de ministres appelés par l'Église et formés par elle (mais le Saint-Esprit peut appeler d'autres prédicateurs que seulement ceux-ci). À travers les témoignages humains qu'elle nous transmet, elle dessine des principes de vie à partir desquels s'exerce la responsabilité personnelle de chacun.
  • Soli Deo gloria (« à Dieu seul la gloire ») Il n'y a que Dieu qui soit sacré, divin ou absolu. Ainsi, toute entreprise humaine ne peut prétendre avoir un caractère absolu, intangible ou universel, y compris la théologie. De plus, partant du principe que Dieu nous a donné la liberté, les protestants sont généralement favorables à un système social qui respecte la pluralité et les libertés.
  • Ecclesia semper reformanda (« l'Église doit se réformer sans cesse ») Les institutions ecclésiastiques sont des réalités humaines. Elles sont secondes. « Elles peuvent se tromper », disait Luther. Ainsi, les Églises doivent sans cesse porter un regard critique sur leur propre fonctionnement et leur propre doctrine, à partir de la Bible. En revanche, les chrétiens catholiques pensent qu'il faut être guidé par l'Eglise de façon claire. La certitude peut aller dans certains cas jusqu'au dogme, (vérité que l'on ne peut renier) et qui est prononcée par un concile, ou par le Pape en vertu de l'«Infaillibilité Pontificale».
  • Sacerdoce universel Principe novateur de la Réforme protestante, selon lequel chaque baptisé est « prophète, prêtre et roi » sous la seule seigneurie du Christ. Ce concept anéantit les principes de hiérarchie au sein de l'Église. Chaque baptisé a une place de valeur identique, y compris les ministres (dont les pasteurs font partie). Issus d'études de théologie et reconnus par l'Église, ils sont au service de la communauté pour l'annonce de la Parole de Dieu (prédication et sacrements) et les missions particulières qui en découlent. Les femmes ont accès aux ministères de certaines églises protestantes.

   

 
             

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