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LE « MONOTHÉISME » DE JÉSUS COMME SENS DE SA VIE ET DE SA MORT,
ET SON ACTUALITÉ FACE A LA CRISE DE LA CIVILISATION CONTEMPORAINE
(Résumé de la Conférence de M. Gérard Siegwalt du 23/02/11 – Hatten)
 




Comme chrétiens, nous sommes appelés à rendre compte de la portée actuelle de la vie et de la mort de Jésus, et donc à dire pourquoi et en quoi et comment cette vie et cette mort sont actuelles du fait de la Résurrection de Jésus. Or, rendre compte du Ressuscité, c’est attester la portée actuelle de son « monothéisme » face à la crise de la civilisation contemporaine. Nous sommes habitués, dans l’Église, à parler de la portée actuelle de sa vie et de sa mort pour nous comme personnes individuelles, et encore pour la communauté chrétienne, pour l’Église. Mais l’Église et les chrétiens vivent dans la société humaine, au sein de l’humanité, et ils y ont comme vocation d’attester la portée de son monothéisme.






I. La crise de la civilisation contemporaine : ses causes – quel remède ?

En fait, ce qu’on appelle « la crise » est un ensemble de crises : écologique, économique, financière, sociale, mais aussi plus généralement humaine, culturelle et spirituelle. Il importe de distinguer entre les catastrophes naturelles en tant qu’indépendantes de la civilisation, et les catastrophes qui sont dues à cette dernière. Les différentes facettes de la crise de notre civilisation à l’époque contemporaine, ont une ou des cause/s commune/s. La crise, celle de la modernité, est une crise de la civilisation moderne. Les fondements de la civilisation moderne (les principes qui portent la modernité) sont ébranlés !

Pour le philosophe Descartes et la modernité, il y a d’un côté l’être humain comme sujet pensant, ou de raison et de l’autre la nature comme objet de maîtrise de la raison humaine. Ainsi, la modernité fonctionne sans recourir à l’hypothèse Dieu. L’oubli de Dieu, comme dit Heidegger, est pour ainsi dire son enseigne. Dans la présente crise de la modernité, les fondements de celle-ci s’avèrent incertains ; ils ont été opératoires, efficients, mais leurs effets pervers apparaissent avec un poids tel qu’il questionne le dualisme qui est à sa base.

Ce qui est fondamentalement remis en question, ce sont : la réduction de la nature à son objectivité quantifiable, l’exploitation de la nature par l’économie libérale, le matérialisme triomphant de fait comme implication de « l’économisme ». La sortie de crise s’atteste dans ce que ces impasses rappellent : l’irréductibilité de la nature, l’unité de l’humanité, l’incompressibilité de la question du sens et donc ultimement de la quête de Dieu.

Le principe dualiste est la cause même de sa crise. Celle-ci apparaît comme la conséquence de l’insuffisance du principe qui l’a fait naître. Pourtant, dans la crise des fondements que nous vivons Dieu est de retour. La crise apparaît comme un jugement immanent qui renvoie aux véritables fondements du réel. Dieu qui est la dimension de transcendance du réel est de retour. En ce sens, la crise de la modernité est une « visitation » de Dieu, un jugement qui appelle à un changement de mentalité ou de paradigme. Et il en appelle à une éthique de responsabilité. La science liée à la pensée est responsable.

La crise de la modernité a pour cause le dualisme qui s’avère être la voie royale d’un polythéisme de fait. L’oubli du Dieu unique a fait proliférer les dieux. Confesser le Dieu unique, c’est détrôner toutes les idoles, personnelles et collectives ; c’est nommer ce qui, prétendant être Dieu, ne l’est pas mais est, de par cette prétention, proprement destructeur et démoniaque. L’argent, la sexualité, le pouvoir…, comme idoles, nous détruisent dans notre unité personnelle. Avoir une idole, c’est être « possédé » par elle. Confesser le Dieu unique, c’est lui soumettre ces puissances créées qui, alors, sont bonnes, créatives, constructives. La confession de l’unicité de Dieu est le fondement de notre propre unification. Nos pays ont besoin de la prédication du Dieu unique, à cause de la portée salutaire, constructive, de la confession de foi monothéiste, par rapport à la portée destructrice, démoniaque, de l’idolâtrie, et cela au plan écologique, économique, financier, social, politique, juridique…




II. Qu’est-ce que le monothéisme ?

Pour beaucoup de nos contemporains le monothéisme évoque d’abord une maladie, ou une perversion, de la foi. Les fondamentalismes se caractérisent par le fait qu’ils se réfèrent à des textes fondateurs dont ils font une lecture littéraliste. L’intégrisme, quant à lui, se réfère à telle période historique passée considérée comme normative pour toujours ; il vise à restaurer l’état de la religion de cette époque « idéale ».

Ce qui leur est commun, c’est leur statisme / passéisme : la vérité intangible, donnée une fois pour toutes, de l’ordre du dépôt disponible, se trouve dans le passé. Il y a tout lieu de parler des aspects démoniaques de la réalité empirique des religions monothéistes : de leur capacité destructrice de la personne humaine, des relations à autrui, à l’environnement et donc à la création, ultimement à Dieu. Cela tient à leur absolutisation de leur compréhension de Dieu et, de fait, à la réduction de sa liberté. L’absolutisation de la religion, c’est sa réduction à l’idole, de sorte que Dieu, lui-même, devienne une idole. Les idoles sont foncièrement voraces. Les religions ainsi caractérisées ne peuvent apporter aucune solution aux problèmes de notre monde et également de l’être humain ; elles constituent, au contraire, un problème supplémentaire qui n’est pas des moindres.

La religion dans sa vérité, elle, n’est que comme quête de la vérité. La vérité de la religion se constitue dans cette quête : c’est là son statut, si on peut dire, de n’avoir d’autre statut que celui de quête, de quête de Dieu. C’est par là que la religion est créative, constructrice. Le monothéisme selon sa vérité tient à la relation à Dieu, une relation qui fonde et donc permet l’unité ou l’unification du réel, y compris de l’être humain personnel et collectif.










III. Le monothéisme de Jésus comme sens de sa vie et de sa mort

La vie de Jésus est caractérisée par son orientation pleine et entière vers le Dieu qui vient. Ses paroles et gestes de Fils de Dieu, de Fils de l’Homme, de Prophète, de Serviteur souffrant annoncent le Royaume de Dieu (présent et à venir). Son dernier repas marque l’aboutissement de son ministère dans son don de soi, qui d’autre part est la promesse à la fois de la victoire sur le mal, sur le péché et sur la mort, et de la nouvelle création.

La mort de Jésus est le fait : (1) des hommes (Judas, le Sanhédrin, la foule, Pilate*), (2) de Jésus : Il se donne lui-même, jusqu’à la mort ; il n’est donc pas simplement ni ultimement victime mais acteur. Sa mort est l’aboutissement du don de lui-même au Dieu qui vient, (3) de Dieu, ce qui veut dire que Jésus la vit pour Dieu, pour l’advenue de son Royaume.

Son monothéisme, c’est sa relation filiale au Dieu vivant et sa confiance en la toute-puissance de ce Dieu dans et à travers la finitude assumée de la vie terrestre et l’impuissance assumée devant la mort.

A sa suite, la vocation pascale de l’Église et des chrétiens dans et face à la crise de la civilisation contemporaine est d’attester le Dieu vivant comme Celui qui ouvre à travers cette crise une nouvelle possibilité de penser et de vivre, d’être et de faire.

(* Si Jésus est livré par les hommes, la raison en est d’une part leur compréhension pervertie du monothéisme, laquelle conduit à une instrumentalisation du pouvoir politique par la religion - d’autre part la faiblesse du pouvoir politique qui se laisse manipuler par la religion pervertie parce qu’absolutisée. On peut dire que la raison de la mort de Jésus, ce sont les hommes, les instances humaines, nommés, qui tiennent d’un monothéisme p e r v e r t i … )




Gilbert GREINER



 
             

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