I. L’origine du baptême
Des rites liés à l’eau existent dans beaucoup de
religions. Le baptême pratiqué par le christianisme en
fait partie. Selon la tradition de l’Eglise, le baptême
est célébré de différentes manières. Certains lavent,
d’autres arrosent, aspergent ou immergent celui qui
reçoit le baptême. Dans chaque cas l’eau est l’élément
essentiel.
1. Signification de l’eau.
L’eau est un élément vital qui se transforme
constamment. Elle donne la vie comme elle possède
une force destructrice. L’eau a donc une signification
ambivalente. Elle peut purifier et transformer, donner
la vie et la mort. L’eau renvoie au-delà d’elle-même à
la purification des fautes, à la mort et à la nouvelle
naissance de l’homme. L’immersion dans l’eau
signifie la mort, la fin d’une étape et l’émersion la
nouvelle naissance, le début d’une vie nouvelle. L’eau
est apte à signifier ce passage de la mort à la vie.
C’est pour cela que les Eglises chrétiennes utilisent ce
rite pour marquer l’entrée d’une personne dans leur
communauté.
2. Parole et eau
L’eau peut avoir différentes significations. Son sens
religieux dépend de la parole ou de la prière qu’on y
ajoute. La parole explicite l’action. Au moment d’un
baptême, l’eau et la parole forment une unité qui agit
sur l’être de la personne. Les chrétiens baptisent au
nom de Jésus le Christ et lient ainsi celui qui est
baptisé à lui.
II. Que dit le Nouveau Testament du baptême ?
1. Le baptême de Jean
Le baptême de Jean était un acte unique tandis que les
ablutions rituelles se répétaient. Jean annonce
l’éminence du jugement divin et invite ses auditeurs à
la conversion. Par le baptême, Jean ne voulait pas
uniquement laver des fautes mais préparer les gens à
rencontrer leur juge. Le baptême de Jean appelle à la
repentance et promet le salut au moment du jugement.
2. Le baptême chrétien
Dès le départ , les communautés chrétiennes ont
baptisé. Pour se faire elles se sont basées sur l’ordre
de Jésus qu’il donne à ses disciples. «Allez donc, de
toutes les nations faites des disciples, les baptisant au
nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur
apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et
moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des
temps. » (Mt. 28,19-20)
3. Les affirmations néotestamentaires sur le baptême
* Celui qui est baptisé au nom de Jésus est remis
au Christ. Le Christ est maintenant son
Seigneur. La prononciation du nom de Jésus
souligne que le baptême n’est pas un simple rite
de purification mais qu’il est étroitement lié à la
personne de Jésus. Romains 6,1-11
* Le baptême offre le pardon des péchés.
Romains 6,1-11
* Le baptême donne le Saint Esprit qui offre au
baptisé une vie nouvelle. Dans la tradition de
l’Eglise primitive, l’Esprit est le gage de
l’accomplissement dans le Royaume de Dieu.
1 Corinthiens 12,13
* Par le baptême, l’homme est intégré dans la
communauté du peuple de Dieu. Tite 2,14
III. L’enseignement des Eglises
1. L’Eglise Orthodoxe
Pour l’Eglise orthodoxe, le baptême est un mystère
qui n’est pas soumis à la raison. L’important est l’acte
de baptiser. L’homme ne doit pas comprendre
d’abord mais expérimenter avec son corps. Le baptisé
est immergé trois fois au nom du Dieu trinitaire.
Ensuite il est oint (d’huile). Cela lui donne le Saint
Esprit. Le nouveau baptisé reçoit alors la Sainte-Cène
pour la première fois. Par l’unité du baptême, de
l’onction et de la première Sainte-Cène, Dieu agit
à la personne en l’acceptant comme son enfant, en
l’intégrant dans le corps du Christ et en lui offrant le
Saint Esprit.
2. L’Eglise Catholique Romaine
Le théologien, Thomas d’Aquin, parle du baptême
comme d’un signe qui renvoie à une autre réalité. Le
baptême est constitué par un lavement et la parole. La
parole est y importante. Celle-ci fait de l’acte
baptismal un signe. Puisque Dieu est activement
présent dans le baptême, le signe réalise ce qu’il
annonce.
Par le baptême, Dieu offre sa grâce à l’homme en le
justifiant et en le libérant du péché originel. Si
l’homme retombe dans le péché et perd sa
justification, il peut revenir à Dieu en confessant ses
péchés. Le baptême est un sceau indissoluble que
personne ne peut annuler. Le baptisé est reçu dans
l’Eglise et participe à ses bénédictions. Le baptême
est le sacrement de la foi.
3. L’Eglise Luthérienne
Pour Martin Luther, le baptême est un acte
exceptionnel qui concerne toute la vie du chrétien.
Dans le baptême, Dieu promet à l’homme de
l’accompagner, de lui pardonner et de lui offrir la vie
éternelle. Cette promesse concerne toute la durée de
la vie. Pour que cette promesse devienne active, le
chrétien doit placer sa confiance en elle, donc croire.
Elle accompagne le chrétien même si celui-ci doute.
Pour Luther, la foi repose sur le baptême et non le
baptême sur la foi.
« Ma foi ne fait pas le baptême, mais reçoit le
baptême », dit-il. Le baptême est un signe actif. En lui
la parole de Dieu et l’eau sont liées, ainsi l’eau
devient « une eau riche en grâce et vivifiante. »
Luther affirme dans le petit catéchisme : « Il opère la
rémission des péchés, affranchit de la mort et du
diable et donne le salut éternel à tous ceux qui
croient, comme l’expriment les paroles et promesses
de Dieu. »
4. L’Eglise Réformée
Zwingli, le réformateur de Zurich, différencie entre le
baptême d’esprit et le baptême d’eau. Le baptême
d’esprit donne naissance à la foi par la prédication. Le
baptême d’eau n’a aucune action. Il désigne le
chrétien en tant que tel.
Pour Calvin, le baptême rappelle le pardon des péchés
en se référant à la mort et à la vie nouvelle en Christ.
Par le baptême, le chrétien est lié au Christ. Il est le
signe qu’il est intégré dans l’Eglise. Tout cela n’est
pas dû à l’action du baptême mais à l’élection. Pour
autant il n’est pas superflu puisqu’il souligne
l’élection et tous les dons du Christ. Ainsi le baptême
est un ferme appui de la foi. Le catéchisme de
Heidelberg voit dans le baptême « un gage divin et un
signe distinctif (...) Dieu veut par ce gage et ce signe
divins nous assurer que nous sommes spirituellement
aussi véritablement lavés de nos péchés que nous
le sommes corporellement par l’eau. » L’Eglise
réformée ne met pas l’accent sur l’action du baptême
mais sur le fait que par lui l’homme doit reconnaitre
quelque chose. L’unité du signe et de la chose est
remplacée par une démarche intérieure qui est
confirmée par le signe du baptême.
Bernard Niess
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