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« Vivre, mourir et oser »

Le thème des semaines de réflexion 2010, « oser la vie, vivre la mort », nous concernait tous et évoquait des enjeux fondamentaux de notre existence. De quelle manière être pleinement présent à cette vie, loin de la fuite, du renoncement et de l’illusion ? Avec quelles ressources accompagner ceux que la maladie, où la cruauté des autres, privent de la satisfaction d’une vie bonne ? Comment recevoir au mieux la Parole d’un Dieu créateur pour vivre en vérité ? Autant de questions à mettre en perspective avec la mort. Celle qui de notre vivant même nous invite à laisser périr ce qui fut pour qu’advienne ce qui doit être. Mais aussi la mort qui nous terrorise par la certitude qu’un jour tout aura une fin. Cette mort qui, par sa radicalité même, fait naître, comme une supplique à la fois incertaine et magnifique, l’espérance en un recommencement inconnu. Autant d’aspects pour un même sujet qui appelaient des points de vues différents et circonstanciés pour décliner la richesse de la condition humaine. En évoquant l’une ou l’autre soirée, je ne ferai état que de quelques impressions personnelles, ajoutées à d’autres glanées çà et là. Je m’excuse par avance auprès de ceux qui ne se reconnaîtraient pas dans ma présentation.


Dominique BLENY, moine au temple Zen de Weiterswiller, a inauguré le cycle par une présentation générale du bouddhisme zen, agrémenté d’un jeu de flûte fort poétique. Pas facile de rendre compte d’une pratique orientale qui repose moins sur des idées que sur une pratique de la méditation difficile à retranscrire en mots. Pour ma part, je retiendrai que pratiquer zazen, vise à vivre pleinement l’instant présent. Avec, comme perspective ultime, cet état si particulier censé transcender la vie et la mort : le Nirvana. Quand on sait que certains maîtres Zen ont médité en sentant leur fin approcher, on peut en conclure qu’ils n’avaient pas peur de vivre leur mort ! Danièle KOPP, aumônier à l’hôpital civil de Haguenau, a décrit avec beaucoup de sensibilité comment elle accompagne des personnes en fin de vie. Elle a témoigné que certains, tout en traversant souffrance et mort, ont l’occasion d’exprimer ce qui fait l’essentiel d’une existence. Pour celui qui s’en va, c’est un cheminement qui comporte sa part de solitude, mais qui peut être illuminé par la tendre et aimante présence d’un autre.

 


Jean–Charles KAISER, aumônier en hôpital psychiatrique à la retraite, a évoqué avec délicatesse les souffrances de malades mentaux qui, tout vivants qu’ils soient, assistent à l’envahissement de leur être le plus intime, par des forces de destruction et de mort. Des destins poignants malgré le système de soin, parfois très lourd, mis en place par nos sociétés. Georges FEDERMANN, psychiatre à Strasbourg, a commencé son intervention avec fracas en montrant le schéma anatomique d’un lapin, et en affirmant non sans humour : « ceci est un juif ». A suivi un exposé sur les persécutions dont ont été victime les siens. Une conférence jugée « hors sujet » par beaucoup, qui ne voyaient pas le rapport avec le thème proposé. D’autres, plus rares, ont compris que l’intervenant évoquait, sans vraiment l’expliciter, le fait de faire « mourir vivant » certains êtres humains en les excluant de la famille humaine. La vie ou la mort se mesurerait ici à l’aune du regard que l’autre porte sur moi. Avec un effort d’explication pour l’intégrer dans la thématique annoncée au public, cette idée, par ailleurs intéressante et pertinente, n’aurait-elle pas pu être reçu par tous ?

Frédéric GANGLOFF, pasteur bibliste, nous a entraînés, avec humour et virtuosité, dans un palpitant parcours au fil des Ecritures. Il a mis en évidence que si l’Ancien et le Nouveau Testament s’intéressent parfois aux perspectives d’une vie après la mort, ils se soucient surtout de la vie du croyant ici-bas et la souhaitent conforme à la volonté de Dieu.

Un public relativement nombreux (entre 35 et 50 personnes selon les jours) est venu assister à ces cinq soirées organisées par notre consistoire. Un regret toutefois. Pourquoi arrivons-nous à intéresser si peu ceux qui sont en marge de nos Eglises ? N’était-ce pas un sujet qui pouvait interpeller au-delà du cercle restreint de nos clochers ? La question reste ouverte pour les années à venir…

Christian GREINER







Paul Birckel

Paul Birckel est né à Strasbourg le 21 juin 1914, fils unique de Paul Adolphe Birckel et de Berta Rott. Dès les premiers mois de la Grande Guerre, son père est porté disparu. Sa mère retourne alors dans sa famille à Niederroedern. Paul Birckel fréquente le lycée de Haguenau et le Gymnase Jean Sturm à Strasbourg.

Ses ancêtres paternels sont commerçants et artisans à Strasbourg; sa famille maternelle, une famille de cultivateurs, est présente dans l’Outre-Forêt dès le 18° siècle. Paul Birckel restera fidèle à cet enracinement rural et artisanal tout au long de son existence.

Après des études de théologie à Strasbourg et à Erlangen, il est ordonné au ministère pastoral le 10 janvier 1943. Le décès du Pasteur Brum en 1936 laisse la paroisse de Birlenbach vacante pour plusieurs années. Maire et conseillers presbytéraux contactent à diverses reprises le Directoire, en vue de l’occupation du poste pastoral, à un moment où un nouveau régime politique se met en place dans le pays. Paul Birckel est nommé vicaire à Birlenbach le 7 septembre 1941. Ce qui à l'origine est envisagé comme une desserte transitoire, se transformera en une présence de 39 années dans cette paroisse de l’Outre-Forêt avec ses deux annexes : Keffenach et Drachenbronn.

Le 24 novembre 1941, Paul Birckel épouse Irène Fleick, originaire de Hatten. C’est au presbytère de Birlenbach que grandiront leurs 3 enfants: Georges, Marie-Louise et Annie. C’est aussi au presbytère de Birlenbach qu'en janvier 1945, des membres de la famille d’Irène Fleick durement touchés par la bataille de Hatten, trouveront refuge et consolation. Paul Birckel, secondé par son épouse, met ses dons au service de la paroisse, en mettant l'accent sur trois points: la célébration régulière des cultes, les visites à domicile et la catéchèse. La catéchèse comprend alors aussi bien le catéchisme préparatoire à la confirmation que la "Christenlehre", que les jeunes suivent durant 4 années après leur confirmation. Pour les fêtes paroissiales, pour les veillées de Noël, Paul Birckel aime écrire des saynettes interprétées par les jeunes de la paroisse. Il organise volontiers des voyages et des sorties, qui seront pour ses paroissiens des temps de découverte et de convivialité.

En 1945 l'Eglise d'Alsace aborde une nouvelle page de son histoire. Paul Birckel est alors sollicité pour la mise en place de différentes institutions qui voient le jour à cette époque. Il participe à la création de l’Union d’Entraide, et sera membre de son Conseil d’Administration. Il sera un des membres fondateurs de l'OJPAN, l’Oeuvre de la Jeunesse Protestante en Alsace du Nord, dont il sera président d'honneur. Il s'investira particulièrement dans la création du "Liebfrauenberg". Son engagement durant près de 30 ans lui permettra de rédiger une brève chronique de l'Union d’Entraide et du Liebfrauenberg.

A l’automne 1980, Paul Birckel prendra congé de la paroisse de Birlenbach pour inaugurer un long temps de retraite à Hatten, dans la maison de son épouse. C’est là qu’il pourra s'adonner à deux activités qu’il affectionne particulièrement: l’écriture et le jardinage. Il explore la généalogie de différentes branches de sa famille. Son intérêt pour l’histoire l'amène à participer aux recherches sur le passé de Birlenbach à l’occasion du 700e anniversaire de la commune, en 1998. De nombreux articles, publiés dans diverses revues et dans l’ouvrage collectif "Hatten, Histoire et histoires", font revivre sous sa plume divers épisodes du passé local. Je ne mentionnerai pour mémoire que son récit de l’arrivée du chemin de fer à Hatten. Il partagera et enrichira les rencontres du Club des Seniors de Hatten. Son engagement au niveau de la commune lui a valu d'être nommé en janvier 2007 "Citoyen d’honneur" de la Commune par le maire de Hatten François Fenninger. Attentif à l’actualité, Paul Birckel livrera ses réflexions dans une série de chroniques "Gedanken zum Sonntag" publiées dans les Dernières Nouvelles d'Alsace entre 1983 et 1990. L'année dernière, à l’occasion de son 95e anniversaire, il a rassemblé toute une série de ses poèmes en une brochure, éditée sous le titre "So ist es!" Ses 3 enfants et leurs conjoints, ses 8 petits enfants et 4 arrière petits enfants ont été pour lui source de beaucoup de satisfactions et de joie. Il a eu le bonheur de célébrer ses noces de diamant en novembre 2001. Son épouse Irène est décédée le 16 septembre 2006, à près de 94 ans.

Ce temps de retraite active s’est achevé au matin de Pâques 2010. A l’heure où pendant de longues années il se préparait pour le culte de Pâques, Dieu a rappelé à lui Paul Birckel, mettant un terme à son existence terrestre de 95 ans et presque 10 mois. Disons-lui à-Dieu dans la fidélité à notre foi chrétienne.

C’est un dernier message de Pâques que Paul Birckel nous adresse à travers ce cantique qui est de sa plume: Weithin schallt es überall: Jesus lebt, er ist erstanden ! Drum Herr, höre unsre Bitt: Schenke uns den rechten Glauben Und nimm uns im Geiste mit, deine Herrlichkeit zu schauen. Ja komm, füll du unsre Zeit, Hier schon mit der Ewigkeit.

Pierre MICHEL



 
             

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