Naître ou ne pas naître…à Noël
Ce titre en forme de clin d’oeil à une pièce de théâtre donné à
l’occasion de « Protestants en Fête » exprime une difficulté de
la foi chrétienne, en particulier à Noël. Difficulté…? Est-ce
un mot qui convient quand nous sommes censés, selon l’air
du temps, être apaisés, éblouies et comme transportés de joie
par la générosité d’une main céleste invisible ? Et pourtant…,
à trop oublier les enjeux cruciaux de la fête de la
Nativité, elle devient vite un conte pour enfant assigné à résidence
dans l’imaginaire. Ou, pire encore, une dictature du
contentement dont les chants sirupeux nous rappellent, par
un cruel contraste, que notre vie n’est pas si merveilleuse que
cela.
Noël renvoie plutôt à un événement qui peut nous transformer
en profondeur, au-delà des émotions éphémères que
suscitent en nous les marchands de bonheur. Ce changement
de toute notre personne, est résumé dans l’injonction du
Christ : « Il vous faut tous naître de nouveau » (Jean 3/7)
Et là surgit, une première difficulté : qu’est-ce que cela veut
dire ? Nicodème, déjà, répondait avec une touchante naïveté
qu‘il «ne peut pas retourner dans le ventre de sa mère et naître
une seconde fois » (Jean 3 / 4)
Avouons que la promesse des Evangiles est incroyable : Toi,
moi, chacun d’entre nous peut naître à « quelque chose d’autre
» qui portera la marque du divin en nous. Jésus est le premier
des enfants de Dieu, et nous pouvons être les suivants…
Et voilà une deuxième difficulté, quand après l’incompréhension,
la peur nous saisit. Peur des bergers quand l’ange
annonciateur leur apparaît (Luc 2/9) et, plus tard, crainte
des femmes au tombeau vide, (Luc 24/54) terreur des
disciples quand Jésus se montre à eux (Luc 24/37).
Peur de nous tous quand la vie pourrait changer radicalement
au point où nous ne serons plus jamais les mêmes. Peur
qui nous ferait préférer nos enfers familiers, nos prisons
coutumières même au royaume de Dieu, pour peu qu’il ait
l’aspect inquiétant de la nouveauté et du risque.
Traverser nos incompréhensions et nos peurs n’est pas qu’une
épreuve mais surtout une chance offerte pour participer
intimement à la divine naissance… pour une paix et une joie
aux dimensions inespérées d’un Noël enfin véritable.
Christian GREINER
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