Jeudi le 3 septembre, je vis ma dernière rentrée
au collège*. Pour être précise la rentrée des 6e. La charge
de professeur principal, rôle qui m’est confié depuis
quelques années déjà, implique l’accueil les élèves et,
dans la foulée, les vérifications administratives
concernant la classe. Parmi les multiples données listées,
l’inscription au cours de religion. Il est réjouissant de
savoir que bien des parents choisissent encore de profiter
de la particularité statutaire de notre région pour
permettre à leurs enfants de parfaire leur formation
générale par une ouverture culturelle sur le monde des
religions et une réflexion sur les valeurs qui font avancer
l’humain.
« …tout au long de la scolarité…
les enseignements contribuent à l’acquisition
d’un socle commun de connaissances
et de compétences, indispensables à chaque
élève pour construire son avenir personnel
et professionnel et réussir sa vie en
société. » (déf. de la brochure rentrée 2008 de l’ONISEP*)
Où situer la culture religieuse dans cet ensemble de
domaines ? Comment répondre aux attentes de l’institution,
des parents et des élèves ? Comment faire vivre un
cours de « reli » en collège ? Comment en faire un cours
comme les autres tout en respectant ses différences, sa
spécificité ?
Le « prof de religion » fait partie d’une équipe
éducative. Il est appelé à faire respecter le règlement
intérieur dans l’établissement. Il est enseignant à part
entière, le cours est inscrit dans l’emploi du temps de
l’élève et s’appuie sur un programme établi de 4 ans (de
la 6e à la 3e)*. Il évalue les connaissances acquises.* Il
assiste aux conseils de classe et, selon ses disponibilités
et compétences, participe aux actions culturelles, sorties
et autres dispositifs -surtout ceux mis en place pour
accompagner les élèves en difficultés-. Il est appelé à
accompagner ses élèves dans toutes les formes de leur
apprentissage. Tout cela en-dehors des cours, bien
évidemment !
Alors, où réside la spécificité de ce cours ? Nous
avons la chance de travailler avec des groupes restreints.
L’ambiance est de ce fait souvent plus sereine. Les
performances valorisées (la note) s‘appuient avant tout
sur l’attitude de l’élève face au travail, son attention, sa
participation, le respect de la parole de l’autre. La
production écrite y occupe une place restreinte.
Le contenu du programme et le temps passé sur un sujet
peuvent être modulés selon les centres d’intérêt* .
Pas ou peu de stress, le rythme de progression
s’adapte au groupe. Les discussions sur le plan spirituel
sont toujours prises en compte, mais j’ai soin
d’apprendre aux élèves à ne jamais poser des questions
fermées. J’ai soin de leur faire comprendre que les
réponses n’ont jamais (ou très, très rarement), un
caractère définitif et unanime.
Les élèves trouvent facilement leur place au sein
de cette heure hebdomadaire. L’écoute et la participation
orale dans le respect de la parole y sont reines. La
progression ne nécessite pas ou peu de devoirs à la maison.
De temps en temps, quelques recherches personnelles
complètent un sujet abordé en cours. Une
démarche indispensable est de cultiver la transdisciplinarité
(histoire-français-sciences-arts
plastiques etc.) pour donner sens à la culture
religieuse et ne pas l’enfermer dans un
« ghetto ».
L’ouverture sur le monde (et son humanité) et
le travailler ensemble » dans le respect de la personne et
la parole de l’autre sont les deux perspectives privilégiées
par rapport à la performance individuelle. C’est un
apprentissage éthique que cette discipline offre en
priorité aux élèves. Il s’inscrit sur les années collège.
Pourtant, certains élèves décrochent avec l’accord des
parents (souvent à l’aube de la 3e). Les raisons sont
personnelles à chaque famille (ne pas surcharger de
travail, trop sollicités par d’autres options, ou encore, les
parents de la copine (ou du copain) ont écrit une lettre de
dispense ou … parce que la discipline n’est plus notée,
ou le manque d’intérêt, etc. )
A l’adulte de choisir l’éducation et les enseignements
nécessaires à son enfant. Ce dernier est appelé à
grandir dans son corps, sa tête et son coeur. Il se construit
avec les valeurs, avec toutes les valeurs, qui lui sont
données à connaître. Moi, je suis heureuse de cheminer
encore une année avec des élèves dont les parents ont osé
inscrire leur enfant au cours de « reli ».
* Ma retraite s’annonce pour 2010
* Office national d’information sur les enseignements et
les professions
* Dépend de l’établissement. Au collège de l’Outre-Forêt,
les notes sont prises en compte dans la moyenne générale
pour les niveaux 6e+5e.
* Un nouveau programme se met en place. Ils sont disponibles
: EPAL, Service de la catéchèse.
* tph O3.88.25.90.35
Lysiane HAUSHALTER
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